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Initiative de transition et politique

Une initiative de transition rassemble des habitants d’un territoire qui souhaitent réfléchir et surtout agir pour préparer leur communauté à l’après-pétrole et au dérèglement climatique. En effet, la situation énergétique et climatique est préoccupante, voire angoissante, et quoi de mieux que l’action pour se redonner du baume au cœur ? Pour cela, chaque association ou collectif, à sa manière, s’organise et construit petit à petit un réseau de groupes de travail, d’associations, d’acteurs préexistants, où chacun souhaite agir pour changer « un petit bout du monde », celui qui se trouve près de chez soi. Il s’agit d’une action citoyenne, légitime, ouverte à toutes et tous, au profit de toute la communauté locale. Il s’agit donc bien d’une forme d’engagement « politique », au sens de l’action pour son territoire.

Pour autant, les initiatives de transition ne sont affiliées à aucun parti. Ils sont indépendants et apartisans. Non seulement, il n’y a pas de structure, à une échelle supérieure (régionale, nationale ou internationale) pour leur dicter leur conduite – chaque initiative est indépendante, aussi bien du point de vue de sa gouvernance que de son financement – mais aussi, ils ne soutiennent aucun candidat aux élections locales ou à d’autres échelles territoriales. C’est bien normal puisque chaque initiative est composées de citoyens divers et variés, qui n’utilisent pas tous le même bulletin de vote. Ainsi, lors d’élections, les citoyens s’engageant sur une liste électorale sont tenus d’abandonner leur engagement et leur affiliation à l’initiative de transition. C’est ce que rappelait Pays Rochois en transition sur son site web l’an dernier.

Il est important de rappeler cette réalité car il semble que ce ne soit pas clair pour tout le monde. En particulier, certaines municipalités, dérangées par ce type d’engagement qui les appelle bien souvent à la raison lorsqu’elles s’engagent dans une voie incompatible avec les enjeux climatique, énergétique et environnementaux, n’hésitent pas à utiliser une réglementation anti-terroriste (si, si !) pour faire taire l’initiative qui les titille. Par exemple, toujours à la Roche-sur-Foron (Haute-Savoie), la municipalité a récemment imposé la restriction de la liberté d’expression aux associations occupants la BASE (Base d’Action Sociale et Écologique), un tiers-lieu dont le local est mis à la disposition par la municipalité. Afin de conserver sa liberté de parole, Pays Rochois en transition a dû se résigner à quitter le local.

A l’heure où tant de nos concitoyens boudent les urnes, n’est-il pas étonnant que la loi permette que l’engagement politique de certains puisse limiter l’engagement politique des autres ? Ce type de procédé n’aura-t-il pas pour conséquence, au bout du compte, de favoriser les antagonismes et la cristallisation des positions alors que le dialogue devrait se trouver au cœur de la vie démocratique de notre pays ? S’écouter, se parler, dialoguer, argumenter, même – et surtout – lorsque l’on n’est pas d’accord, c’est à la base même de la démocratie. C’est aussi ce qui permet de développer une forme d’intelligence collective, bien plus fiable et sage, que l’intelligence et la volonté de quelques uns, désignés comme légitimes par une élection, mais qui ne sont en rien supérieurs aux autres.

 

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