Construire la résilience
Dans un excellent entretien réalisé par la revue écologiste belge Imagine (n° de mai 2012), Dennis Meadows, coordinateur en 1972 du rapport du Club de Rome « Croissance zéro », commente la crise actuelle : « La crise de la dette repose sur l’idée qu’il y aura une croissance éternelle. Aussitôt que vous envisagez une fin de la croissance, ces dettes deviennent impossibles. Or, c’est la situation actuelle. On entre dans une période de croissance nulle et toutes ces dettes ne seront jamais remboursées […] Les conséquences pour les gens sont si terribles qu’on les ignore purement et simplement. Et même ceux qui savent continuent à agir comme si tout allait redevenir comme avant ». Et il dit tout son intérêt pour le mouvement de la transition, par rapport au mouvement qui parle de décroissance : « transition est un mot neutre, c’est un bon mot. Comme les gouvernements n’agissent pas, ce sot les villes, les villages, les communautés locales qui s’organisent pour faire face à la pénurie d’énergie des prochaines années »[…] « La résilience est importante car elle nous permet de conserver un peu d’ordre, même dans un monde de chaos. Si vous avez un système non résilient, lorsque le choc arrive — et il arrive — cela tourne rapidement à la dictature. Il y aura toujours un type simpliste qui va promettre des solutions rapides et des gens pour lui donner le pouvoir ». « On risque de croire que l’effondrement social qui arrive est dû à l’effondrement monétaire, alors qu’en réalité, il est la conséquence du changement climatique et du déclin du pétrole ». Comment augmenter la résilience d’un système ? « De trois façons. Tout d’abord en créant de la redondance (redundancy) : si un flux vital s’arrête, vous avez accès à un autre flux. Ensuite en « tamponnant » (buffering) c’est-à-dire prévoir de plus grands modules de stockage dans le système. En cas de choc, il y a donc des réserves. Enfin en améliorant l’efficacité (efficacity) […] [Cela passe par] isoler sa maison, [agir] au niveau d’une ville ou d’une usine. […] Il faut revenir à des systèmes plus petits. [Pour le changement climatique] il est effectivement déjà trop tard […] Je préfère parler d’énergie car dans ce domaine, il est possible d’agir localement, avec des bénéfices significatifs : augmenter l’efficacité de la technologie, basculer vers le solaire, changer nos modes de consommation, devenir végétarien… Rien de bien nouveau, nous avons toutes les solutions à portée de main ».