Si tout le monde s’alimentait comme nous le faisons en Europe, une deuxième planète serait nécessaire. Aussi l’Université des ressources naturelles et des sciences de la vie de Vienne a-t-elle mis en place une expérience scientifique pour mettre en évidence, à taille et en temps réels, la dimension spatiale de nos habitudes alimentaires. À Grossenzersdorf en Autriche, dans un champ de 4 400 mètres carrés, les chercheurs ont entrepris de cultiver la totalité de ce que mange un Européen moyen : les céréales, les légumes et les fruits d’une part, de l’autre le fourrage destiné au bétail produisant sa consommation d’origine animale. Il est rapidement apparu que les cultures fourragères et les produits importés occupaient deux fois plus de surface que les produits végétaux et locaux. L’expérience a ainsi démontré que nous accaparons une surface deux fois supérieure à celle dont nous disposons, et que notre alimentation rejette autant de gaz à effet de serre que l’automobile. Comment se nourrir autrement ? Trois familles ont alors essayé de réduire leur part de surface cultivable en adoptant une alimentation plus responsable, moins riche en viande et alignée sur la production locale et saisonnière.