Fin mai, un train (couchette !) de Gare de Lyon-Paris à Vincenza Italie. Dans notre petite cabine, Josué, Julien et moi sommes rejoints par Richard du hub Londonien (hub =réseau de transition régional) une bouteille de vin à la main et par Henri du Conseil d’administration du Transition Network, des paillettes dans sa barbe, souvenir d’un rituel de la veille. Nous trinquons dans nos tasses et gobelets nomades : en route pour Santorso et le Hubs Gathering de la Transition.
Le Hubs Gathering est un moment de rencontres entre réseaux régionaux de la Transition. Du Chili au Japon, nous sommes près de 40 personnes venues du monde entier, réunis par le mouvement de la Transition dans cette petite ville italienne au pied des montagnes.
L’objectif principal de notre rencontre est la gouvernance (hé, oui) : comment organiser à un niveau international un mouvement si divers et local comme la Transition ; comment faire coexister bénévoles fortement impliqués et employés dans le mouvement ; comment préparer la transition (sic) des fondateurs du mouvement vers un mouvement décentralisé et multiple ; comment créer une culture commune avec l’ensemble du mouvement alors que même trouver une langue commune à tous n’est pas possible.
La rencontre se fait en anglais, facilitée par Julien Didier et Noémie Cheval (que vous avez peut-être déjà croisé dans l’une ou l’autre de nos activités). Il nous faudra faire attention aux barrières de langages pendant les 4 jours que durera la rencontre. La traduction du mot « bienveillance » vers l’anglais dans notre cadre de sécurité posera longtemps quelques incompréhensions, l’habitude très francophone de mâcher nos mots, aussi.
Du Transition Network, Rob, Peter, Naresh et avec le cœur mais à distance Ben sont présents. Ces 4 messieurs ont eu une idée folle en 2006 et l’ont fait grandir pour la transformer en mouvement de la Transition. Ils sont à présents là en observateurs, ils participent à la rencontre mais aucun ne s’avancera dans le cercle central de la prise de décision. Il est temps pour le mouvement de marcher par lui-même.
Avons-nous pris une décision sur notre gouvernance facilement ? Non ! Apprendre, réapprendre à travailler ensemble sans répéter les erreurs passées n’est pas facile. Il nous faut désapprendre nos habitudes, apprendre à faire confiance au collectif, lâchez prise, faire des petits pas. Dans un contexte où la langue parlée n’est pas la langue maternelle de la majorité, où les rythmes et l’investissement sont différents, nos habitudes culturelles divergentes : la semaine fut intense et loin d’un monde enchanteur où tout le monde est d’accord comme on pourrait parfois idéaliser la Transition vu de l’extérieur. Et pourtant, c’est au sein des moments difficiles, des points d’accros que nous apprenons le plus.
Nous sommes arrivés à une décision en utilisant la technique de décision par consentement. Nous avons aussi pu expérimenter par le corps les positions de leader, de souteneurs, de héros. Nous avons rêvé ensemble, créé notre futur. Nous avons pu échanger sur nos expériences et nos pratiques dans nos pays respectifs.
Mais surtout nous avons fait groupe, en riant, en préparant le repas, en dansant, en échangeant des massages.
Accueillis à bras ouverts, par la communauté de Santorso (logés, nourris, divertis), nous avons pu prendre conscience de l’ancrage locale de la Transition et de la force d’une communauté ouverte.
Repartir chacun dans notre coin du monde en ayant la conscience de ces belles personnes actives et engagées partout dans le monde est un formidable tremplin de motivation.