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lettre d’information 7 Territoires énergéthiques

Lettre d’information
n°7 Avril 2014
Énergéthiquement vôtre

Comme promis, vous avez déjà reçu deux numéros de la Revue de Presse Biodégradable, hebdomadaire.

En cette fin de mois, nous mettons également officiellement en ligne notre site/blog www.territoires-energethiques.fr, avec de nombreuses fonctions de dialogue qui vont peu à peu entrer en activité et permettre des échanges intenses :

•    La première intitulée « vos besoins » est destinée à collecter vos attentes et/ou difficultés, pour que je puisse les intégrer dans mes travaux et le cas échéant y apporter les réponses que vous cherchez. Je les ai très probablement à ma disposition. Utilisez-le largement, cela me permettra d’orienter mes travaux au plus près de vos préoccupations !

•    Je suis d’ores et déjà en plein travail pour partager dès que possible avec vous de façon détaillée mon expérience fondatrice en matière d’énergie locale (contexte, acteurs, démarche, solutions, résultats techniques et économiques, retour d’expérience,…). Une très belle aventure, qui se poursuit !

•     d’autres idées sont en cours de mise en place pour vous permettre d’accéder sous peu à des informations exclusives à fort contenu énergéthique

Je ne peux que vous encourager à continuer de recommander le site et vous remercie pour vos nombreux soutiens !

Très bonne lecture

Energitorial
Plus que jamais, la transition énergétique : Que nous réserve le nouveau gouvernement ?

Le premier ministre nouvellement nommé a décidé d’accélérer un mouvement passablement ralenti par son prédécesseur, peu enclin à trancher dans le vif entre les deux grandes voies qui s’ouvrent encore à notre pays, même si on peut avoir la forte impression que les jeux sont déjà faits. L’une des deux est celle de l’Allemagne et de plusieurs pays européens qui ont décidé de tout miser sur les énergies renouvelables : ni fossiles, ni fissiles, conjurant ainsi à la fois les spectres du réchauffement climatique et de la dévastation nucléaire ; cela prendra du temps, mais ils s’en sortiront. L’autre voie est celle adoptée implicitement par de nombreux pays du monde, prétendant mixer, de manière très opportuniste et « pragmatique », diverses énergies prétendument moins génératrices de gaz à effet de serre : du nucléaire, en faisant l’impasse sur les risques, au nom de la technologie triomphante ; du gaz naturel, dont les gaz de schiste, le méthane étant réputé produire moins de CO2 par kWh que le charbon ou le pétrole ; quelques énergies renouvelables, surtout de masse et offshore, pour à la fois ne pas désespérer le « Billancourt » écologiste et préserver les intérêts de la grande industrie de l’énergie, aux dépens du consommateur. Tout ceci prenant également du temps, et le dosage des composants, du début à la fin du processus de transition, reste très variable. Dans les deux voies, un accent est mis sur les économies d’énergie, mais il est beaucoup plus prégnant sur la première.

Notre nouveau premier ministre a donc, en accord avec le président de la république, fait siens les objectifs de celui-ci, avec une forte priorité. En fait, c’est très limité et ouvre la porte à un large éventail de futurs : réduire la part du nucléaire dans notre production électrique de 75 à 50% d’ici 2025, ce qui est un pas notable ; réduire la consommation d’énergies polluantes de 30% et les émissions de GES (Gaz à Effet de Serre) de 40% d’ici 2030. Par ailleurs, il est affirmé que cette démarche « réduit notre déficit commercial et consolide notre souveraineté, renforce notre pouvoir d’achat grâce aux économies liées aux travaux de performance énergétique des bâtiments. », et qu’elle doit se faire « sans transiger sur la qualité et la performance ».

Ce qui va être décisif pour la suite, c’est le poids et la détermination de quelques acteurs clés, et notamment deux ministres, Arnaud Montebourg, ministre de l’économie et du redéploiement industriel, que l’on sait ardent soutien du nucléaire, de l’exploitation des gaz de schiste et des projets offshore pharaoniques, et Ségolène Royal, dont l’action passée au niveau de la région Poitou-Charente semblait beaucoup plus soucieuse de développement énergétique local et d’énergies renouvelables, ce qu’elle a réaffirmé lors de sa prise de fonction, même si ce n’est pas sans ambiguïté : les énergies renouvelables offshore entrent dans ce champ. Nous nous rappellerons seulement le temps encore récent, où la lettre « les Énergéthiques du Mené » était reprise par « Désirs d’Avenir », le site du mouvement de Madame Royal, qui semble hélas être en grand chantier aujourd’hui : nous espérons que ce n’est pas pour tirer un trait sur le passé d’un avenir qui n’existerait jamais.

Au contraire, Madame la ministre, vous voilà maintenant « aux manettes » : peut-être est-il temps que les désirs deviennent réalités et que l’avenir commence aujourd’hui. Nous espérons que vous n’oublierez pas, aujourd’hui en situation, ce que vous avez défendu pendant des années aux niveaux local et régional. C’est ça, la politique juste !

L’énergie juste !

Sommaire

1.    Les projets de nos territoires

Les maisons à chauffage solaire intégral : ça pousse !

Les plantations de TCR et de TTCR du Mené

2.    La transition en France et dans le monde

Delendum est RTBA : comment font les autres ?

Sacrés Belges !

3.    Chroniques de la transition heureuse

Un voisin dont on ne parle pas beaucoup : la Suisse.

4.    A vous de jouer !

Les cinq ingrédients d’un habitat durable.

1.    Les projets de nos territoires
La cuve : 3,50 m de haut, 4 m³. Swiss Solartecnik

Le béton cellulaire, en espérant que le total des petits bobos ne dégradera pas la performance.

La cuve en situation

La charpente : ça commence à ressembler à une maison

Les maisons à chauffage solaire intégral : ça pousse !

Nous voilà arrivés à la toiture.

Pas facile le béton cellulaire : c’est léger, mais bien fragile, et gare aux fuites, aux joints et aux réparations mal réalisées. De plus, difficile aussi de sceller des supports dans un matériau bien friable et peu compact. Les pannes de la charpente sont en place, les premiers éléments de structure de l’étage sont posés, mais surtout, on voit apparaître le premier élément du système de chauffage : le ballon de stockage  d’eau réchauffée par le soleil, haute et verticale pour permettre la « stratification » des températures. Elle a été posée dès maintenant à son emplacement, avant la pose de la toiture, parce que l’accès ne sera plus possible ensuite.

Les travaux ont également débuté sur deux autres sites, en attendant les deux derniers.

C’est planté… mais il y a de la concurrence ! Les plantations de TCR et de TTCR

Les intempéries de l’hiver ont considérablement retardé les travaux de préparation du sol, sur des parcelles précisément retenues à cause de leur inaptitude à l’usage agricole moderne. Les plantations, déjà réalisées néanmoins sur la moitié des surfaces, vont s’achever début mai, avec des plants que l’on a maintenus en chambre froide pour freiner leur démarrage de végétation. Au total, ce sont plus de trente hectares qui vont maintenant s’intégrer dans le système d’approvisionnement énergétique du territoire, avec les premières coupes dans quatre ans. Ceci représentera, à plein régime, environ 80 tep annuellement en moyenne, soit 240 t de plaquettes à 25% d’humidité.

2.    La transition en France et dans le monde
Un mirage français en mission basse altitude au-dessus de la Lituanie dans le cadre de l’OTAN Delendum est RTBA : comment font les autres ?

Nous poursuivons notre tour, entamé le mois dernier, de la question du RTBA, « Réseau Très Basse Altitude Défense ». Ce réseau, qui recouvre de larges parties du territoire français, limite considérablement la possibilité d’installation d’éoliennes, notamment dans des régions bien ventées et peu peuplées. Face au mur du silence qui recouvre cette question, sur laquelle le pouvoir « régalien » maintient une chape de plomb enrobée de langue de bois, nous cherchons à en examiner les divers volets, et, ce mois-ci, nous nous intéressons à ce que font nos voisins pour l’entraînement basse altitude de leurs forces aériennes, dans le cadre des besoins stratégiques qui leur sont propres. Nos moyens d’investigations sont, dans ce domaine, limités, mais nous avons déniché quelques informations intéressantes et révélatrices.

Il est clair, par exemple, que les forces aériennes allemandes, qui n’ont pas pour vocation d’aller canarder les bandes d’AQMI au Mali ou les hordes tyranniques de Kadhafi en Libye, mais de défendre leur territoire national, qui, cela n’aura échappé à personne, est hérissé d’éoliennes dont certaines dépassent les 200 m de hauteur, n’ont visiblement pas tout à fait les mêmes objectifs que l’armée de l’air française. Nous reviendrons dans un prochain numéro sur ces aspects stratégiques, en faisant appel à des spécialistes de ces questions.

Une différence importante entre la France et ses voisins dotés de forces aériennes significatives (Royaume Uni, Allemagne, Suisse) est la densité de population, qui est chez nous moins de la moitié de celles de nos voisins (plus de 200 habitants/km²). La nuisance de zones d’entraînement aérien à basse altitude, pour autant qu’il soit défini comme stratégiquement nécessaire, est donc sans doute plus ressenti chez eux que chez nous, et il entre beaucoup moins dans leurs traditions nationales de décréter, d’autorité régalienne, des no man’s lands, ou de vastes zones d’exclusion aux fins d’entraînement aérien. On n’en trouve donc pas trace chez eux, pour autant que nos recherches nous ont permis de le constater. Dans le cas de la Suisse, il y a quelques périodes, très brèves, réservées, où la circulation aérienne est restreinte, pour permettre de tels entraînements sur leur territoire quand même bien particulier à cause de l’emprise montagneuse.

Est-ce à dire que ces forces aériennes ne pratiquent pas l’entraînement à basse altitude ? Nullement, mais toujours à proportion de leurs besoins stratégiques : ils le pratiquent principalement en dehors de chez eux :

•    Dans des zones vraiment désertes : Nord de la Norvège et du Canada, par exemple, qui servent (ou ont servi) régulièrement de terrain de manœuvre basse altitude

•    Dans des zones stratégiques sensibles où une présence militaire occidentale s’est établie, sans tambours ni trompettes, depuis la « fin » de la guerre froide : dans les Pays Baltes et notamment l’Estonie, où les avions de l’OTAN, à tour de rôle, viennent frôler à basse altitude, les confins russes.

•    Et… sur le RTBA français, qui, comme le montre la carte ci-dessous, présente de larges ouvertures en direction de nos voisins du nord et de l’est. Ce serait, paraît-il, une manière peu coûteuse d’arrondir les fins de mois du ministère de la défense, du style euros contre liberté de survol, et tant pis pour le développement local en France. Ceci, entre autres, expliquerait que l’actuel ministre, Jean-Yves Le Drian, ancien président de la Région Bretagne, qui, à l’époque, soutenait, au moins verbalement, les territoires bretons impactés par le RTBA, et préfère aujourd’hui adresser gentiment ses anciens administrés aux états-majors, laissant à ces derniers la responsabilité de la réponse régalienne, dans une bonne tradition établie depuis Louis XIV et les bonnets rouges ramenés à la « raison » par les dragons du roi, retour de la dévastation du Palatinat.

Suite de ce palpitant (?) feuilleton au prochain numéro.

Pour être honnête, ça grogne bien un peu… mais auront-ils le choix ? Sacrés Belges !

Ils s’y mettent aussi, après le Rhin et la Bidassoa, même le Quiévrain devient une vraie ligne de démarcation : vérité en-deçà, erreur au-delà. Ils ont tout bêtement trouvé, officiellement, que l’électricité nucléaire est beaucoup plus chère que l’électricité éolienne, avec une solide étude. Ils estiment que, sur la durée de vie d’une centrale nucléaire de troisième génération (EPR, type Flamanville), l’économie réalisée sera de 3,6 milliards d’Euros. Par les temps qui courent, ce n’est pas négligeable. Précisons qu’il s’agit d’éolien terrestre, bien sûr : si vous faites la comparaison avec l’éolien offshore, c’est un peu comme pile, tu gagnes, face, je perds ; c’est tout pour EDF et les industriels, et on peut raconter que l’éolien est beaucoup plus cher.

Mais nos voisins wallons n’ont pas la tentation de l’offshore : ils n’ont pas de côtes, et ils se sont fixé comme objectif une production éolienne de 4 TWh d’électricité éolienne par an en 2020. Ils en sont aujourd’hui à 1,3 TWh par an, soit sensiblement la même production qu’en Bretagne, où le gisement de vent est bien supérieur, sur une superficie comparable.

Heureusement (pour qui ?), nous allons bientôt (?) avoir le parc de la baie de Saint Brieuc !

3.    Chroniques de la transition heureuse
D’impressionnants barrages,

du nucléaire,

mais plus pour (trop) longtemps,

et 28 éoliennes, en tout et pour tout.

Bien sûr, les maisons solaires

Et de magnifiques projets mus par le soleil : Solar Impulse et Planet Solar

… et le secret des Suisses :

Un voisin dont on ne parle pas beaucoup : la Suisse.

Comment se détermine un « petit » pays européen, riche sans doute, mais enclavé et, comme les autres, doté parcimonieusement de ressources énergétiques propres ? Vous ne serez pas étonnés si je vous dis qu’ils traitent le problème « à la suisse », avec, depuis des années, des débats intenses et de nombreuses votations.

La Suisse, ce sont 8 millions d’habitants sur 41 000 km² (un peu plus que les cinq départements bretons, pour deux fois plus d’habitants), un territoire continental largement hérissé de montagnes. Là aussi, au milieu de grands voisins aux velléités parfois gourmandes, il a fallu se débrouiller pour vivre sans tomber dans des assujettissements insupportables. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont plutôt bien réussi, et leur démarche, qui s’inscrite dans le long terme, laisse bien augurer de l’avenir. Ils ont bien sûr identifié le domaine de l’énergie comme un élément clé de cet avenir, mais pas dans la précipitation : ils mènent collectivement une réflexion permanente, et de nombreuses votations sur la place du nucléaire ont jalonné les dernières décennies.

La consommation est au niveau de 20,4 Mtep (millions de tonnes d’équivalent pétrole), soit 235 TWh par an. C’est douze fois moins qu’en France, et la consommation par habitant y est donc aussi un tiers plus faible : 2,6 tep/hab, contre 3,9 chez nous. Aujourd’hui, plus de 20% de cette énergie provient des énergies renouvelables locales, principalement l’énergie hydraulique (54% de la production électrique)  et le bois (4% du total). Le nucléaire représente, pour sa part, 41% de la production électrique du pays, dans trois centrales échelonnées sur le cours de l’Aar et du Rhin, dans le nord du pays. C’est une situation plutôt favorable, mais le potentiel hydraulique est déjà très exploité : la Suisse n’échappe pas à la règle qui règne sur de nombreux pays ; il y a des ressources renouvelables, mais elle ne sont pas infinies, et la Suisse devra certainement, pour aller plus loin, exploiter des ressources qui sont aujourd’hui encore très marginales chez elle (solaire et photovoltaïque.)

Depuis 2003, suite à une votation d’initiative populaire, le pays a déclaré un moratoire sur le développement du nucléaire, mais c’est l’accident de Fukushima, en 2011, qui a accéléré le processus de « tournant énergétique », comme nos voisins helvétiques appellent la transition. Un débat est encore en cours pour savoir quand arrêter les centrales nucléaires, mais ce sera au plus tard, pour la dernière, en 2034. Sachant que le pays veut réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES), et surtout sa dépendance vis-à-vis des importations d’énergies primaires, comment comptent-ils s’y prendre ?

Un plan très détaillé intégrant des éléments d’initiative populaire est en cours de discussion, au niveau du parlement et du conseil fédéral, ainsi que du pays tout entier. Il trace et balise soigneusement la route jusqu’en 2050. Il n’y a rien de spectaculaire ni de vraiment novateur. C’est du sérieux et raisonnable, du suisse quoi :

•    Une réduction très sensible des consommations, en jouant sur le bâti, les transports et l’amélioration générale de l’efficacité énergétique : Partant de 850 PJ/an (230 TWh) en 2013, réduire jusqu’en 2030 à un rythme de 5 à 7%/an, puis de 3 à 5% jusqu’en 2050, pour se trouver entre 450 et 550 PJ/an (125 à 153 TWh)

•    La modification complète du mix énergétique, en travaillant à l’échelle locale, voire hyper-locale (chaque bâtiment) pour tirer véritablement toutes les productions possibles dans un respect suffisant du contexte. La Suisse, en 2050, ne produira plus d’électricité nucléaire. Toute son électricité sera renouvelable, et elle ne peut pas, bien sûr, contrairement à ses voisins dotés de façade maritime, compter sur des énergies offshore. C’est une sujétion qui oblige à regarder au plus près localement, mais qui évite aussi de se bercer d’illusions, de ces illusions qui se bâtissent hâtivement sur l’inconnu.

Évolution prévue du mix énergétique de la Confédération Helvétique

Ces données sont celles qui figurent dans le projet de Stratégie énergétique en cours de discussion dans toutes les instances suisses. Le mix reste quand même fortement carboné, même si la part des énergies fossiles est presque divisée par deux, avec une réduction globale de la consommation d’énergie de 40%, ce qui représente une division par trois de la consommation de produits fossiles. L’électricité est entièrement décarbonée et dénucléarisée : outre l’hydraulique, qui se taille la part du lion, l’éolien est poussé dans une certaine mesure, mais surtout le photovoltaïque, très peu présent aujourd’hui en Suisse, qui sera surtout en autoconsommation. Ajoutons que le pays est en pointe en matière de stockage hydraulique de l’énergie, ce qui est un atout fort. On voit aussi apparaître deux énergies liées à l’habitat et à l’évolution du bâtiment : le solaire thermique, sur le modèle de ce que est mis en œuvre aujourd’hui sur le Mené (les composants du système des maisons solaires viennent de Suisse), et la chaleur ambiante, c’est-à-dire la part de chauffage, dans des constructions peu déperditives, qui revient à la génération de chaleur de ce qui se trouve à l’intérieur (chaleur humaine et animale, équipements électriques en tous genres etc.). Les deux représenteraient ensemble 10% de l’énergie consommée.

On voit la faiblesse de ce plan, notamment par rapport aux démarches beaucoup plus ambitieuses de l’Allemagne et de l’Autriche, qui sont parties plus tôt, à partir d’expérimentations locales fortes, et qui visent les 100% renouvelables « vers 2050 ». Mais c’est quand même solide, très réaliste, et nous faisons confiance à nos voisins pour mener ça rondement et sans atermoiements ni remises en cause incessantes.

4.    A vous de jouer !
Durable / pas durable ? Les cinq ingrédients d’un habitat durable.

Nous pensons beaucoup, dans cette lettre d’information, à la consommation énergétique actuelle, ici et sur le moment, parce que c’est elle qui nous impacte le plus directement sur le plan économique. La durabilité prend aussi en compte l’énergie grise, celle qui est consommée avant ou ailleurs, pour que nous puissions consommer ici aujourd’hui. L’ensemble de ces consommations d’énergie, les émissions de gaz à effet de serre auxquelles elles donnent lieu, mais aussi la consommation de ressources rares non renouvelables : c’est tout cela qui détermine la durabilité.

Cinq facteurs ont été repérés par des australiens  comme jouant sur la durabilité :

1.    L’efficacité : limiter les déperditions, utiliser des systèmes à haut rendement énergétique. C’est bien connu, et cela conduit, pour l’habitat à une consommation par m² et par an, de 15 kWh (très performant) à 300 kWh (carrément désastreux).

2.    La production d’énergie sur place, notamment l’électricité photovoltaïque ou éolienne et la chaleur solaire. Il devient de plus en plus possible de subvenir en très grosse partie à ses besoins domestiques. C’est un peu moins connu que le point n°1, mais l’idée arrive chez nous, comme nous l’avons déjà signalé. C’est alors, bien sûr une énergie décarbonée.

3.    La taille de l’habitation : toutes les consommations sont en gros plus ou moins proportionnelles aux surfaces. Il est donc important de bien ajuster la surface aux besoins, ou de segmenter des surfaces trop grandes pour ne pas consommer exagérément. Il est amusant de comparer les surfaces moyennes des logements construits ces dernières années (après la crise de 2008) dans les divers pays. Les Chinois (en ville) et les Russes sont vers 55 m² ; les Britanniques, les Suédois et les Italiens sont autour de 75 m² ; les Japonais et les Espagnols, vers 90 m² ; les Allemands et les Français à 100 m². Les Danois et les Grecs sont à 125 m², et enfin, les Américains, les Canadiens et les Australiens sont au-delà de 180 m². Il y a bien sûr beaucoup de paramètres qui entrent en ligne de compte (espace disponible, coût de la construction vs revenus, taille des ménages etc.), mais, structurellement, à performance égale, les derniers vont consommer trois fois plus que les premiers. C’est comme pour les voitures automobiles, et on sait le chemin qu’ils ont à faire.

4.    La localisation de l’habitat : cela tombe sous le sens. La proximité des facilités et services, ainsi que des transports en commun est un paramètre de plus en plus important, même si il y aura toujours des habitants de la campagne.

5.    L’énergie grise des matériaux : Il n’est pas facile de faire des comparaisons, parce que les données sont ramenées au kg, et on sait bien qu’on ne fait pas la même chose avec 1 kg de plomb qu’avec 1 kg de plume. Mais des matériaux comme l’aluminium ou la fibre de verre (qui sert par exemple pour la laine de verre) sont très consommateurs d’énergie dans leur élaboration, alors que des matériaux comme la paille ou le bois sont particulièrement économes : Il y a un écart de 1 à 30 ou 80 entre ces matériaux, par kg produit, sachant que l’aluminium permet de réaliser des œuvres plus légères que le bois. Une intéressante base de données sur ces aspects (énergie dépensée, CO2 émis) est téléchargeable ici, et elle sera utilisée avec profit pour orienter des choix sur de nouveaux projets véritablement durables.

Tout ceci doit, bien sûr, être pris en considération pour des projets nouveaux, mais c’est également utile pour les projets de rénovation ou de rationalisation de l’usage d’un logement.

Toute référence ou précision relative aux articles ci-dessus pourra vous être communiquée sur demande à la rédaction.

Rédaction : Marc Théry

Informations, abonnements, désabonnements à l’adresse suivante :

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