La mémoire des champs
Depuis toujours, l’arbre accompagne le travail des agriculteurs. Il a façonné les campagnes, mis en perspectives les espaces, et les activités humaines. C’est un acteur majeur de la fertilité agricole (humus), inscrit dans la mémoire du sol. Même lorsqu’il a disparu depuis des lustres, frappé par les vagues de désertification, humaines ou ligneuses, qui ont simplifié et appauvri la plupart des paysages agraires, l’arbre n’est jamais bien loin, et finit toujours par reprendre ses droits.
De mieux en mieux informé des réalités agricoles et des connaissances pratiques qui permettent de faire pousser l’aliment ou fabriquer l’énergie qu’il consomme, le citoyen réclame des paysages diversifiés, mais aussi des denrées d’une qualité suffisante pour assurer sa santé. Coup de chance inouï : ces besoins-là sont très complémentaires. Paradoxe lourd de sens : le transfert de connaissances sur les arbres connaît une période faste (tant mieux !) mais la réappropriation des usages continue encore de faire cruellement défaut. Tous les savoirs associés, autrefois ancrés dans les traditions rurales et paysannes, n’ont pas encore pleinement réinvestis le quotidien et les rouages de l’économie agricole, loin s’en faut. L’agroforesterie permet de « recoudre » une partie de ces savoirs, pour un développement agricole ancré dans les territoires, considérant de façon transversale les enjeux sociétaux actuels. Notamment parce que “produire” et “protéger” signifient durablement la même chose, quand on y réfléchit vraiment.
Merci au sculpteur Christian Lapie pour la mise à disposition amicale de la photographie. Nouvelle exposition en cours : “Des métamorphes” (bronzes et dessins) à la galerie Placido (Paris 3e) jusqu’au 25 novembre 2017.
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