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Un petit village nous montre la marche à suivre !

Un petit village nous montre la marche à suivre !

Initié par le professeur de Permaculture Rob Hopkins en 2006, le mouvement des villes en transition s’est développé dans plus de 2 000 villes différentes, touchant ainsi plus de 50 pays dans le monde entier. A Lalinde, en Dordogne, nous avons rencontré Marie, une femme très investie au sein du groupe « Lalinde en Transition ». Elle nous a parlé du groupe, de sa genèse, de leurs actions, de la place de l’écologie dans nos vies, du rapport à la terre et au travail, et même de monnaies…

Le mouvement en Transition, c’est quoi ?

Tout commence dans la petite ville de Totness, au sud de l’Angleterre, lorsqu’un groupe d’étudiants accompagnés de leur enseignant Rob Hopkins, procèdent à une première mise en application de leurs cours de soutenabilité appliquée.

Le principe de leur projet est simple : arriver à impulser une dynamique au sein de la commune, qui la rendra apte à surmonter avec le moins de difficultés possibles le pic pétrolier à venir. Il s’agit précisément du moment où la production du pétrole commencera à chuter. En effet, la production étant en constante progression depuis la Révolution Industrielle, les réserves planétaires s’amenuisent de plus en plus. Eh oui, nous utilisons plus de pétrole en un an que ce que la planète nous en offre ! De fait, un jour viendra, les stocks s’amenuisant, où nous ne pourrons plus en produire autant que la veille… Mais nos besoins, eux, ne s’adaptant pas du jour au lendemain, seront les mêmes, identiques à la veille. Alors ce jour-là, le prix du pétrole, et de tous les produits y étant liés (notamment le plastique), s’envoleront littéralement. La demande sera plus importante que l’offre.

Cette dynamique à impulser pour surmonter ce pic pétrolier passera, pour le professeur, par une « descente énergétique », c’est-à-dire par une réduction de notre consommation d’énergies fossiles. Par exemple, la consommation de produits locaux réduit énormément les frais de transports pour la planète. En clair, manger une salade de tomates en plein mois de février dans le Nord de la France, demande un acheminement de ces dernières de plus de 2000 km au Sud. Lequel se fera par camion ou par bateau, tous deux très gourmands en pétrole. La remplacer par une poêlée d’artichauts cultivés dans la région réduit énormément ces frais de déplacement. De la même manière, en ce qui concerne le plastique, un achat de 500g de pâtes en vrac aura un coût pour la planète bien moins important, l’emballage pouvant servir plusieurs fois.

Plus de 150 groupes locaux en France.

Voilà l’objectif des petits groupes d’habitants d’une même ville qui se lancent dans la constitution d’un tel mouvement : favoriser les comportements des habitants d’un territoire à vivre de la manière la plus respectueuse qui soit de l’environnement. Cela peut donc impliquer autant l’alimentation, que les transports, les loisirs, où les habitudes ménagères.

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Dans le Sud de la Dordogne, il est une petite ville de 3 000 habitants, Lalinde, qui a vu une petite bande se lancer dans cette entreprise. Dans le pays lindois, le mouvement en Transition n’est, en plus, pas des moins actifs !

Un beau matin…

Au départ, ce sont des connaissances, des copains et des voisins qui décident de se réunir une première fois pour échanger sur ce que peut être une initiative de ville en Transition. Après les premières discussions de présentation et de partage des points de vue sur les concepts de Rob Hopkins, un noyau d’une douzaine de personnes finit par se former. Alors durant un an, la petite bande va se retrouver un dimanche après-midi par mois afin de mettre en commun leurs compétences, leurs moyens, leurs ressources et surtout, leurs envies. Au bout d’un an, nos amis commençaient à avoir des fourmis dans les pattes, et voulaient passer à l’action ! En gardant toujours à l’esprit que cette action devait toucher le champ le plus large possible de personnes vivant sur le territoire.

C’est alors qu’un jour de marché, le village de Lalinde s’est réveillé décoré de nombreuses structures farfelues, accrochées ici et là, posées par là-bas, étalées par ici, et même suspendues un peu plus loin ! Toutes délivraient bien entendu un message, que ce soit sur le gaspillage, la récup’, la pollution, en somme des sujets chers au mouvement en Transition. Mais elles contenaient même un deuxième message… En leur sein, plus ou moins visible, toutes les structures appelaient les personnes intéressées à une réunion publique quelques jours plus tard…

Le Jour J, ils étaient près de 80 lindoises et lindois à avoir répondu présents au rendez-vous. La machine était lancée !

1, 2, 3 … Action !

Ainsi réunis et entourés, le groupe « Lalinde en Transition » pouvait alors se mettre au travail, et faire de même que Rob Hopkins et ses étudiants à Totness, c’est-à-dire agir de manière collective afin de vivre avec l’impact environnemental le plus faible possible.

Cinq ans après ces heureux événements, le groupe a fait des petits, et de nombreuses actions ont vu le jour.

Une ressourcerie a alors ouvert, puis a déménagé pour avoir de plus grands espaces, et projette même de redéménager pour avoir des espaces de stockage et de vente encore plus grands ! Il faut dire que malgré l’extrême application des bénévoles à conserver des locaux rangés, les arrivages de dons, et donc leur chiffre d’affaires grandissant, les poussent à investir des locaux encore plus conséquents. En terme environnemental, l’utilité d’une ressourcerie sur un territoire n’est plus à prouver. Un des cancers de nos sociétés occidentales se trouvant dans la gestion de notre monticule de déchets, les ressourceries permettent aux habitants d’offrir une seconde vie aux objets dont ils ne veulent plus, et ainsi de dégorger les déchetteries et les centres de traitement des déchets.

Une monnaie sociale, le J.E.U. pour Jardin d’Echange Universel. La monnaie sociale diverge des monnaies complémentaires par son indépendance totale vis-à-vis du système bancaire institutionnel. Le principe du JEU est simple : 1 point Jeu = 1 minute, donc 60 points JEU = 60 minutes. Par exemple : si je suis masseur et que je dispense un massage de 30 minutes, j’inscris sur mon carnet d’utilisateur « +30 » alors que la personne massée inscrira « -30 ». Aucun échange de monnaie physique ne se fait entre nous. Ces règles autorisent donc tous les joueurs à être dans le positif, ou dans le négatif, puisque le total de tous les utilisateurs sera toujours égal à 0. Si je suis en positif, c’est que quelqu’un d’autre est en négatif. Si je suis en négatif, c’est que quelqu’un d’autre en positif. Il est possible de s’échanger des services, mais également des biens, à condition de se mettre d’accord sur la valeur de celui-ci en JEU. Aujourd’hui, les utilisateurs sont plus de 130 à s’échanger des services et des biens.

Le principe des Incroyables Comestibles se répand de plus en plus dans nos villes. Et pour cause, il est simple comme bonjour, en plus d’être bénéfique pour tout le monde. Comme on a vu que plus ma nourriture pousse près de chez moi, moins j’ai d’impact sur la planète, alors si elle poussait dans ma rue, sous ma fenêtre ? C’est exactement le principe des Incroyables Comestibles, en plus de nous redonner un lien avec la terre, avec l’origine de notre alimentation (Eh oui, une patate ne pousse pas au rayon légumes du supermarché !). De grandes jardinières ou de grands bacs sont ainsi installés dans nos rues, entretenus et arrosés par les commerçants, pour être mangés par ces derniers ou par les passants qui en auraient envie ou besoin. D’ailleurs, en nous promenant dans Lalinde au début du mois de novembre, il restait quelques tomates presque mûres !

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Le Jardin verger constitue une des principales occupations de Marie au sein du groupe. L’association CIPLET (coopération Intégrale du Pays Lindois En Transition) a été créée par le mouvement de Transition pour être utilisée à plusieurs niveaux et selon les besoins. Grâce à un partenariat avec la mairie de Lalinde, un contrat d’utilisation d’un terrain communal a pu voir le jour. Des arbres et des légumes d’Incroyables Comestibles ont pu y être plantés. Grâce à la sympathie de deux cultivateurs locaux, le groupe peut bénéficier d’une seconde parcelle de terrain sur laquelle cultiver également quelques légumes. Butternuts, oignons et pommes de terre ont pu pousser sur ces terrains. Pour une première année de récolte, le petit collectif d’une bonne quinzaine de personnes est satisfait de la production. L’objectif du Jardin verger, au cours des prochaines années, est de se développer en permaculture, afin d’offrir une autonomie alimentaire plus importante et donner envie aux habitants de la région de s’y intéresser. Quand les coûts de transports des légumes en camions ou en bateaux auront augmenté de manière déraisonné, Lalinde pourrait compter (en partie) sur des initiatives de ce type, initiée par ce groupe en Transition.

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Au cours de l’année 2016, est né un groupe Solidarité. En effet, c’est à cette époque qu’une cinquantaine de jeunes adultes, migrants soudanais, sont arrivés à Mauzac, à côté de Lalinde. Un réseau d’entraide s’est alors développé autour d’eux, afin de compléter l’aide que leur apportait l’association mandatée par la préfecture pour les accompagner dans leurs démarches, au sein du CAO (Centre d’Accueil et d’Orientation). Des jeux, des vêtements, de l’alimentation, de l’écoute, du rire, et même des JEU sont échangés avec eux. L’objectif était de les intégrer le plus possible à la vie du territoire. Il se dit dans les rues du village que certains auraient choisi Lalinde et ses environs pour venir s’installer suite à l’acceptation de leur titre de séjour !

Mais on ne vous fera pas la liste exhaustive des activités du groupe. Parce que les plus à même d’en parler sont les lindoises et les lindois eux-mêmes, parce qu’ils parleraient de l’impact sur leur lieu de vie mieux que n’importe qui, parce que Marie est vraiment une personne à rencontrer, parce que la région est magnifique et que vous ne ferez pas le trajet pour rien !

Les groupes locaux du mouvement en Transition déploient une énergie immense afin de tester et mettre en application un mode de vie plus soutenable écologiquement, et ancré dans les réalités économiques actuelles et futures. Malgré sa petite taille, la ville de Lalinde a su déployer une énergie et un élan remarquable, preuve que les territoires les moins peuplés ne sont pas les moins informés et les moins innovants. Objectif : bien vivre dans un environnement équilibré et semer une vision positive de la Vie !

Pour aller plus loin :

www.transitionlalinde.wordpress.com

www.transitionfrance.fr

Manuel de la transition, de la dépendance au pétrole à la résilience locale, Rob Hopkins, Editions Silence.

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