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Quand l’angoisse nous aveugle – 13 mars 2017

par Robin Branch   du blog

Des solutions heureuses existent face au réchauffement climatique et délicieuses  inquiétudes des temps modernes, des solutions autres que la fuite en avant technologique ou innombrables fausses solutions des écotartufes rapportées mensuellement dans La Décroissance. Je pense en particulier à celles proposées par Gunter Pauli dans le numéro de mars 2017.

Toute la question est celle de l’accession à ces solutions.

Nos branchements médiatiques ne nous y mènent pas, sauf à nous connecter volontairement à d’autres sources d’informations, choix hélas trop rare à ce jour pour nous inciter à agir massivement.

Du coup nous nous retrouvons face à nous-mêmes pour rechercher ces solutions artisanales.

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source :

http://footage.framepool.com/fr/shot/939107162-rat-taupier-canard-male-nager-grande-bretagne

Or le processus observé maintes fois est le suivant – et il n’est pas facile à affronter !

Notre quidam, qui ne connaît donc pas la possibilité d’un retour à l’artisanat, part du constat. Et ce constat n’est pas brillant. Il est même, à défaut de déni, attitude hélas trop fréquente, franchement flippant. Alors que fait-il, notre quidam ? Il tourne en rond autour de son angoisse, il fait les questions et les réponses, il exprime ses affres, il se replie sur lui-même, et au final il n’envisage même pas que de véritables portes de sortie puissent exister. Et lorsque nous nous trouvons devant ces êtres perdus, il nous faut développer toute notre capacité de patience, de compassion, pour attendre, parfois longtemps, que leur angoisse s’exprime, puis finisse par s’évacuer, pour pouvoir enfin proposer des moyens d’agir, car dans ces moments-là ils sont sourds, inaccessibles, enfermés dans leur tour d’ivoire et de souffrance en solitaires.

C’est seulement après, plus tard, que nous pourrons intervenir en leur disant : c’est bon ? Tu peux m’écouter ? Mais il nous aura fallu, nous, les écouter, eux, d’abord, et prendre leur souffrance, en boucle et à rallonge,  en pleine gueule, sans broncher, en faisant appel à notre capacité de compassion pour eux et pour nous-même car ce n’est pas toujours facile de les entendre, de les écouter, ce sont des moments qui peuvent nous sembler très, très longs, lourds, pesants. Surtout lorsqu’ils sont plusieurs et qu’ils se passent le relais.

Bon allez, je vais attaquer la lecture d’Ecopsychologie pratique et rituels pour la Terre, ça va m’aider.

Toujours le 13 mars, en fin d’après-midi …

Il s’avère que dès la préface, Molly Young Brown donne une couleur tout à fait différente à cette angoisse, comme un miroir inversé.

Elle écrit, page 18 : «Je me rappelle une conversation avec un ami physicien nucléaire à Los Alamos, pendant la course aux armements, il y a plusieurs années. Il se plaignait de ce que les gens du mouvement du gel nucléaire fussent si émotifs. Je lui avais répondu de façon plutôt véhémente que je n’envisageais pas de ne pas être émotive à propos de ce qui menaçait la vie même de mes enfants et de tout ce que j’aimais. Mais en quelque sorte, de telles émotions étaient devenues taboues à Los Alamos. Elles auraient pu remettre en question le comportement si rationnellement élaboré par la pensée.»

Et c’est précisément cette émotion, taboue, enfouie, qui, lorsqu’elle est libérée, nous saute à la gorge avec encore plus de rage, et devient encore plus difficile à accueillir. Mais elle est seine, vivante, vitale. Savoir cela nous permet d’accompagner son expression, avec gratitude.

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