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« C’est possible ! » avec Paul Watson de Sea Shepherd

« C’est possible ! » avec Paul Watson de Sea Shepherd

Le 5 décembre, La Villette et Actes Sud organisent une conférence à l’occasion de la COP21. « C’est possible ! » réunit Vandana Shiva, Emmanuel Druon, Rob Hopkins et Paul Watson de l’association Sea Shephed. L’équipe web est partie rencontrer ce capitaine défenseur des océans. Interview.

Paul-Watson-founder-606Qu’est-ce que vous attendez de cette conférence « C’est Possible ! » à La Villette ?
En dehors des conférences officielles, la COP21 fait éclore des débats alternatifs : c’est là que les choses se passent, à l’échelle des ONG et des militants. Le parcours de Vandana Shiva est un bon exemple car pour que les choses se concrétisent, il faut des initiatives individuelles, motivées par une passion. Cette conférence est l’occasion de rencontrer ces acteurs de l’environnement : il faut parler de ces problèmes, parce que de ces discussions, une solution peut subvenir.

Vous n’avez pourtant pas les mêmes méthodes que Vandana Shiva ?
La force d’un mouvement repose sur la diversité d’approches et d’opinions. Tant qu’on est d’accord sur l’objectif à atteindre, le reste importe peu. Par exemple Pierre Rabhi essaie de révolutionner l’agriculture et l’exploitation des terres, alors que Sea Shepherd est concerné par les océans. Mais ensemble on a lancé une nouvelle initiative : The Ocean Nation.

Vous affirmez que d’ici 2048 il n’y aura plus de poissons ?
Depuis 1950, il y a eu une réduction de 40% des planctons, qui fournissent 50% de l’oxygène que nous respirons. Ce déclin provient de la disparition de 90% des baleines au cours du XXe siècle, alors que ce sont les fermiers des océans. Nous avons interféré – à coup de pêche à outrance, pollution plastique et chimique, et radiations – avec quelque chose que nous ne comprenons pas !

Nous avons perturbé l’équilibre des océans et endommagé leur fonctionnement. La seule solution désormais, c’est de ne rien faire justement, il faut les laisser tranquille. Les Polynésiens ont une tradition qui met en jachère une baie pendant plusieurs années. Et si quelqu’un vient y pêcher, c’est la peine capitale parce qu’ils savent que s’ils pêchent tous les poissons d’une région, ils ne survivront pas. Et la communauté mourra de faim.

Quelles sont les solutions que vous proposez concrètement ?
Pour permettre à nos océans de se régénérer, il faut arrêter immédiatement toute l’exploitation industrielle de pêche et exiger la suspension de toutes les subventions gouvernementales aux entreprises de pêche.

Car il n’y a que peu de pêcheurs de nos jours, ce ne sont que des entreprises subventionnées par le gouvernement. Comme on a tué 90% de la faune des océans, il faut des investissements de milliers de dollars pour aller récupérer ce qu’il reste. Et sans les $76 milliards de subventions annuelles, il n’y aurait plus aucune entreprise de pêche. Or ils investissent dans une extinction !

Vous avez l’air sceptique vis-à-vis de la COP21, pourquoi ?
Pendant la conférence, tout le monde est d’accord sur tout mais jamais rien ne se passe parce que les chefs d’Etats ont trop de conflits d’intérêt. J’ai assisté à la conférence des Nations Unies à Stockholm en 1972 et à Rio de Janeiro en 1992, et ça n’a rien résolu.

Comment s’y prendre pour que les chefs d’état vous écoutent ?
La réponse à un problème impossible, c’est une solution impossible. En 1972, il était impensable que Nelson Mandela devienne président de l’Afrique du Sud … Mais c’est arrivé ! Pour trouver ces solutions, il faut de la passion, de l’imagination et du courage. C’est ce qui manque aux politiciens, donc il faut que ça vienne d’un mouvement, des 3 millions d’ONG environnementales dans le monde : une communauté qui protège une rivière, c’est ce qui fait une réelle différence !

Et à notre échelle de citoyen, que pouvons-nous faire ?
Chaque année, les 65 milliards d’animaux assassinés contribuent plus aux gaz à effets de serre que toute l’industrie des transports. Et 40% des poissons pêchés sont consommés par les cochons et poulets. Sans compter les 2.8 millions de tonnes nécessaires à la production de nourriture pour chat. Donc les chats, les cochons et les poulets sont maintenant les trois plus grands prédateurs de la planète – juste après les humains bien entendu.

Donc dès qu’on mange du poisson ou un steak, on fait partie du problème. Il reste trois choix : devenir végétalien, végétarien… ou au moins réduire sa consommation.

Quel est l’abus qui vous paraît le plus aberrant ?
On tue 78 millions de requins chaque année – et on a le culot de les appeler des monstres, simplement parce qu’ils vont causer la mort de 8 personnes par an. Or si on enlève les prédateurs de l’écosystème, qui depuis des centaines de millions d’années définissent les comportements des océans, on crée un chaos écologique. Il est plus important d’avoir un requin dans l’eau qu’un mec sur une planche de surf !

Ne le gardez pas pour vous

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