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Les energéthiques du Mené Nr 39



Les Energéthiques du Mené

Territoire 100% Énergies Renouvelables



Lettre d’information n°39

novembre 2012







Énergitorial

Le débat sur la transition énergétique : la lourde tâche du comité des experts.


Ce débat est très important : de ses conclusions vont sortir des orientations qui pèseront sur tous les projets dans le domaine des énergies, au moins pour quelques années. C’est notre avenir vital ! Un comité de 42 experts est en cours de constitution, avec une certaine diversité de bon aloi. Ils ne vont pas avoir la tâche facile, surtout pour établir certains éléments de base, qui aujourd’hui sont pour le moins instables et incertains. Nous n’allons parler ici que de la question du coût de l’électricité, revenue brutalement en ce début de mois sous les feux de l’actualité.

EDF a annoncé une hausse de 40%, en un an, du coût de l’EPR de Flamanville, fleuron de notre redéploiement énergétique (selon Areva, EDF et l’administration), soit 2,5 Mrds €. Elle vient après de multiples hausses, au fil des ans : 20 à 25% chaque fois, qui ont amené le coût de l’EPR de 3,3 Mrds € en 2005 à 8,5 aujourd’hui, sept ans plus tard, avec un délai de mise en service passant de 5 à 9 ans (2016, délai de rigueur au-delà duquel, il y aura des problèmes de péremption de permis). Compte tenu du temps restant, à quel niveau va-t-on finir : 15 Mrds ? Plus ? « Heureusement », ce n’est qu’un prototype ; le produit « de série » devrait coûter « 20% moins cher ». En l’état actuel de ces comptes, le coût prévisionnel du kWh EPR s’est envolé, passant, malgré les calculs incomplets relevés par la Cour des Comptes, au-dessus de celui de l’éolien terrestre. Nous rappelons une fois de plus que ce calcul ne prend en compte :

  • ni les recherches amont faites dans le cadre du CEA, financées par l’impôt,
  • ni le traitement (en fait stockage) des déchets radioactifs, projets CIGEO pour le combustible irradié (passé lui aussi de 15 à 35 Mrds depuis 2005, pour une mise en service en… 2025.), financé par l’impôt, et ICEDA pour les déchets de démantèlement des centrales (Brennilis plus neuf réacteurs qui attendent, aux frais de ?)
  • ni le démantèlement des réacteurs, très sous-évalué. Brennilis en est à 10 fois la provision, loin du but, qui pourrait approcher 1 Mrd d’€, pour un réacteur de 70 MW : heureusement que ce n’est pas proportionnel…
  • ni surtout l’assurance gros accident (de type Fukushima, coût 100 à 200 Mrds €), dont le coût est évalué par les actuaires suisses à 0,15 à 0,20 €/kWh.


Quelques journalistes connus se sont émus de ces informations fournies  à la presse sans explications ni véritable mise en perspective, notamment Hervé Kempf, du Monde, et Pascal Pogam, des Echos : Ils ont tenté de répondre, sur l’antenne de France Culture, à la question « EPR et nucléaire : peut-on encore croire EDF ? » (http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4548805).

Les clarifications devront aussi être faites sur le coût des énergies renouvelables, où il semble trop entendu qu’elles sont « trop chères », et responsables en bloc de la hausse de la facture d’électricité des Français. On met dans le même sac l’éolien terrestre, à 0,08 €/kWh (inférieur à l’EPR), l’éolien offshore, à 0,20 €/kWh, au bénéfice de quelques grosses sociétés, dont EDF, et du photovoltaïque à plus de 0,50 €/kWh, dont EDF/Energies Nouvelles est le principal bénéficiaire.

Mesdames et messieurs les experts, au travail et bon courage !

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Bon plein d’énergies !


Sommaire

1.

Les énergies du  Mené
2. Les grands projets du Mené
3. Le monde de l’énergie
4. Chronique de la transition heureuse
5. Et moi, ce soir, demain, l’an prochain, dans cinq ans ?


1) Les énergies du Mené

Nos maisons à chauffage solaire intégral : Les permis de construire pour une première tranche de 15 maisons ont été déposés sur les communes de Collinée, Le Gouray, Saint Jacut du Mené, Langourla et Saint Gilles du Mené. Les travaux vont donc s’engager avant la fin de l’hiver et tout devrait être achevé avant la fin de l’année 2013. Des précisions sur cet ambitieux projet sont à lire à la rubrique suivante.
Et du coté de l’éolien ?

  • Projet parc des landes du Mené : Les travaux avancent rondement, malgré la saison un peu humide. Les voieries nouvelles sont en place, pour supporter les lourdes charges, et les plateformes au pied de chaque éolienne commencent à prendre forme. Le creusement des fondations n’est plus loin, avant de voir, dans peu de mois, s’élever enfin les mâts tant attendus. Pour le moment, pas vraiment encore « the place to be », sauf avec un 4X4 et de bonnes bottes…

Rien ne vaut l’expérience, et même pas fait de photos ! ·         Nos ZDE (Zones de Développement Éolien) : Les arrêtés préfectoraux ont été pris : notre territoire est donc complètement couvert, notamment très largement ouvert au petit éolien, dès que les produits seront convaincants et en rapport avec le prix public de l’électricité, ce qui devrait arriver bientôt. Pour le grand éolien, d’une part, nous allons contester un des arrêtés (sur Saint Gilles du Mené) devant le préfet des Côtes d’Armor ; d’autre part, nous repartons à la bataille pour obtenir une ZDE au nord de Plessala, où d’intéressants projets sont en cours de développement sur trois communes contiguës (Plessala, Plémy et Trédaniel.) Espérons que cette procédure coûteuse, pénible et inutile aura disparu bientôt.

L’entreprise Bérhault s’installe sur le parc d’activité Ménerpole au Gouray. C’est la première installation sur le parc, à côté de la pépinière qui tourne bien depuis bientôt trois ans. Les travaux ont commencé début décembre. L’entreprise Bérhault est active dans le domaine de l’électricité/plomberie/chauffage et les énergies renouvelables. Elle va bien entendu prendre une part active aux projets du territoire. Nous attendons avec impatience son entrée dans ses locaux.



2 ) Les grands projets du Mené

Les maisons à chauffage solaire intégral

Un petit rappel préliminaire : la « bonne » température à l’intérieur d’une maison est obtenue en apportant suffisamment de chaleur pour compenser les déperditions. Pour faire un système performant, on va donc d’abord chercher à réduire les pertes. Une construction avec des pertes très faibles coûte d’autant plus cher que l’on cherche à les réduire, avec un seuil vers 15 kWh/m²/an, qui nécessite la mise en place d’une ventilation double flux. Du côté de la génération de chaleur, elle se fait de trois manières : par les occupants et les activités intérieures (appareils électroménagers et électroniques), par les agents extérieurs (principalement le soleil), pour autant que l’on soit en mesure de capter leur énergie à l’intérieur, et enfin par les appareils de chauffage qui utilisent une source de chaleur (combustible, électricité etc.) Quand on veut limiter au minimum l’utilisation d’un appareil de chauffage, il faut donc réduire les besoins de chauffage (notamment les pertes) et être capable de stocker la chaleur récupérée quand une source est disponible, pour pouvoir l’utiliser quand la source disparaît.

C’est la combinaison de tous ces éléments qui permet d’obtenir des bâtiments performants, notamment pour l’habitation. La maison passive est à très faible perte, elle utilise à plein la source interne, et autant que possible la source externe (soleil), mais sans en stocker l’énergie autrement que dans des éléments massifs de la construction (dalle de sol, élévations intérieures). Ce stockage est à assez court terme : quelques heures à quelques dizaines d’heures, avec des risques de surchauffe. Un chauffage à combustible est donc indispensable pour traverser les périodes sans soleil.

La maison à chauffage solaire intégral se passe de ce chauffage complémentaire : elle a un peu plus de pertes que la maison passive, pour réduire son coût de construction, mais elle utilise au maximum l’apport solaire, qui est stocké sous forme d’eau chaude dans un réservoir isolé de taille et configuration adéquates pour assurer le chauffage pendant les périodes sans soleil.

C’est cette solution qui a été adoptée dans le programme de logements développé par la Communauté de Communes :


  • La construction a peu de pertes, grâce à une bonne isolation (murs maçonnés, en béton cellulaire et laine de bois), mais aussi grâce à la compacité (format assez cubique et groupage en « longères », qui limite également la consommation de foncier.) Le besoin est de l’ordre de 20 à 25 kWh/m²/an.
  • Le captage du rayonnement solaire se fait par des panneaux solaires thermiques en toiture, orientés plein sud avec une pente de 70°C qui maximise l’efficacité du captage en hiver (20 m² de panneaux pour un logement de 100 m² habitables.)
  • Enfin, le stockage de l’eau chauffée par le soleil se fait dans un ballon vertical de 4 m de haut et d’une capacité de 4000 l. Le positionnement vertical provoque ce que l’on appelle la stratification des températures : les eaux des différentes températures ne se mélangent pas si on fait attention à ne pas provoquer de mélange. Les eaux les plus froides sont en bas et les plus chaudes en haut, avec des extrêmes pouvant aller de moins de 30°C jusqu’à 90°C. On va ainsi stocker l’eau selon sa température et puiser selon l’usage (l’eau chaude sanitaire tout en haut, par exemple.)






Le ballon est, à la sortie de l’été, rempli par de l’eau chauffée durant les mois d’été, qui va être utilisée tout au long de l’automne, en attendant les journées bien ensoleillées de l’hiver qui permettront de tenir jusqu’à la fin de la mauvaise saison.      Mais ce seront aussi et surtout des maisons à vivre comme on le souhaite aujourd’hui, sans souci et… sans facture de chauffage.


3 ) Le monde de l’énergie

Des batteries plus performantes et cinq fois moins chères. Nous n’y sommes pas encore, mais de très nombreux laboratoires et industriels y travaillent de par le monde, comme sur les autres grands thèmes des énergies renouvelables. Ce mois-ci, Toyota a annoncé l’utilisation du magnesium à la place du lithium, pour les batteries métal-ion. Cet élément est beaucoup plus abondant que le lithium, ce qui permettra dans quelques années une réduction du prix des batteries (aujourd’hui de l’ordre de 1/3 du coût d’un véhicule électrique), pour une meilleure capacité de stockage. Ces recherches se font aux États-Unis, qui semblent bien décidés à rester tout à fait à la pointe dans ce domaine stratégique. Monsieur Steven Chu, prix Nobel de physique et secrétaire à l’énergie dans le gouvernement américain, vient d’installer aux fameux Argonne National Labs, creuset de bien des innovations de ces 50 dernières années, un « Innovation Hub » doté de 120 M$ pour la recherche sur les batteries. L’objectif est de diviser par cinq le coût des batteries, aussi bien pour les véhicules que pour le stockage réseau. Cette approche de recherche massive avec les meilleurs scientifiques et les meilleurs ingénieurs sur le sujet a largement démontré son efficacité (par exemple le développement du transistor), et ne doutons pas que quelques révolutions n’en sortent sous peu.

La Chine, géant des énergies renouvelables Avec plus de 60 GW de puissance installée à la fin de cette année (10 fois la puissance française), l’éolien devient la troisième source d’électricité de la Chine, devant le nucléaire, et derrière le thermique (charbon) et l’hydroélectrique. De même, comme nous l’avions déjà évoqué, ce pays, qui dispose de plus de la moitié des capacités mondiales de production de panneaux photovoltaïques, devient aussi le premier marché du monde, devant l’Allemagne qui dominait jusqu’à maintenant. Bien sûr, ceci ne fait pas de la Chine un pays exemplaire en matière de respect de l’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique, mais ils deviennent un souci de plus en plus présent, à cause des conséquences désastreuses de l’explosion de la consommation d’énergie sur la santé de la population. La Chine ne peut se résumer à quelques images, comme des pays plus petits et plus simples : on y trouve du meilleur et beaucoup de pire encore.
Une intéressante étude de l’Université du Delaware :

Sur la base d’une simulation portant sur un cinquième des USA et reprenant des données de plusieurs années, dans une démarche de minimisation du coût, les chercheurs du Delaware ont montré qu’une bonne combinaison d’éolien, de PV et de stockage pouvait satisfaire 99,9% de la demande en électricité et ceci à un coût équivalent au coût actuel, en incluant les externalités. Ce n’est toutefois pas réalisable du jour au lendemain, comme tout projet d’ensemble de transition énergétique, mais pourrait être opérationnel vers 2030… si cette orientation est prise.

Il s’avère qu’il vaut mieux surdimensionner la capacité de production, pour couvrir les besoins en cas de faibles vent et ensoleillement, plutôt que de faire appel à de grosses capacités de stockage, plus coûteuses. Ainsi, pour une consommation crête de 72 GW, le bouquet de production optimal serait, dans cette région du nord-est des USA, 17 GW de PV, 68 GW d’éolien offshore et 115 GW d’éolien terrestre. Nous sommes là dans des échelles voisines de la France (consommation crête vers 100 GW, avec le calamiteux chauffage électrique.) Mais bien sûr, ce sont des élucubrations américaines, inappropriées chez nous…


4) Chronique de la transition heureuse


Nous finirons l’année sous le signe de la chaleur et de la lumière :


avec les thèmes joints de la cogénération, de la biomasse, des matériaux naturels…et de la paix, condition clé pour tout développement.




5) Et moi, ce soir, demain, l’an prochain, dans cinq ans ? agir au niveau individuel

Avec les prix de l’énergie en hausse, les arnaques suivent.

Nous sommes de nouveau alertés sur des pratiques bien fâcheuses.

Qui n’a, ces dernières semaines, été contacté avec insistance par téléphone, avec une prétendue recommandation d’EDF, pour se voir proposer des montages alléchants en vue d’équiper sa toiture de panneaux photovoltaïques, garantie d’un approvisionnement futur maîtrisé en électricité ? Il faut avoir moins de 65 ans : c’est une question de dossier de financement. On vous propose de venir vous rendre visite, si votre conjoint est également là. Et, dans la foulée, on cherche à vous faire signer un contrat « tout compris » ; bien sûr, rien ne se passe de fâcheux avant la fin du délai de rétractation de sept jours. Les ennuis commencent ensuite, comme l’a récemment dénoncé l’UFC Que Choisir du Finistère, et ils peuvent aller très loin : crédit lourd, installation non raccordée et non conforme. Bien sûr, il y a certainement des contre-exemples, mais il ne faut surtout pas se laisser emballer par ce type de démarchage « à la hussarde » et bien prendre le temps de réfléchir et de se renseigner par ailleurs.

De même, pour les petites éoliennes, des démarchages et des publicités alléchantes peuvent vous mettre dans des imbroglios pénibles, toujours sur le même modèle : des produits qui ne marchent pas et ne sont pas raccordés, et des crédits qui courent. Ici, c’est le SYPEO, syndicat du petit éolien, qui réclame une procédure de qualification des produits, pour éviter la mise sur le marché de n’importe quel matériel hasardeux.

Dans un cas comme dans l’autre, il existe heureusement aussi à la fois des produits honnêtes, c’est-à-dire de bonne qualité pour un prix raisonnable, et des professionnels sérieux, qui ne sont pas là juste pour ramasser la monnaie puis laisser le pigeon face à des situations inextricables. On peut alors réfléchir posément à son projet et examiner notamment les conditions économiques : un projet photovoltaïque peut encore aujourd’hui avoir un retour sur investissement de 10 ans. Pour le petit éolien, c’est plus long, mais il y a de beaux projets.





Toute référence ou précision relatives aux articles ci-dessus pourra vous être

communiquée sur demande à la rédaction.

Rédaction: Marc Théry

Communauté de Communes du Mené

La Croix Jeanne Even – 22330 Collinée

02 96 31 47 11  / Fax : 02 96 31 47 27

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et nos archives sur http://energies.ccmene.fr



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