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Ma rando-Transition 2016 par Stéphane Thiers, de Sète en transition

 

Ma rando-transition 2016

 

par Stéphane Thiers, de Sète en transition

 

Cet été, je voulais changer d’air, voir du pays, faire de l’exercice, rencontrer des gens sympa. Je me suis donc embarqué dans une randonnée cycliste en solo à la rencontre des transitionneurs du Sud-Ouest de la France.

Pour ce périple d’une douzaine de jours entre Sète et Bayonne, le chargement du vélo a été assez limité car je me suis ravitaillé au fil de la route. Pour l’hébergement, ce fut soit en camping, soit dans ma famille, soit chez des transitionneurs. J’ai aussi été hébergé par deux fois par des personnes inscrites sur le site Warmshowers.org (« douches chaudes »). Ce site web est destiné à l’entraide des cyclotouristes par un accueil gratuit.

Le parcours : J’avais retenu un trajet peu vallonné et privilégiant les voies vertes, les petites routes de campagne et les beaux paysages : Sète, canal du Midi, Béziers, vallée de l’Orb, voie verte le long du Jaur et du Thoré, Mazamet, plaine de Revel, Lauragais, collines du Gers, vallée du Gers, plateau de Lannemezan, Piémont pyrénéen, Bagnères-de-Bigorre, Lourdes, Oloron-Ste-Marie, Béarn, bord de l’Adour, Bayonne.

Au total, j’ai rencontré des membres de sept initiatives de transition : Toulouse, Auch, Oloron-Sainte-Marie, Salies-de-Béarn, Orthez et, au cours de mon retour vers Sète, Rabastens et Albi. Évidemment, durant cette deuxième quinzaine d’août, je n’ai pu rencontrer que quelques uns des membres de chacun de ces groupes, les autres étant pour beaucoup en vacances. Néanmoins, ce fut largement suffisant pour me faire une idée des activités et réalisations de chacune de ces initiatives. Je n’ai pas pu rencontrer les membres de St Julia en transition que je n’avais pas réussi à contacter, ni ceux d’Auterive en transition, faute de disponibilité. Ce sera pour une prochaine fois…

 

Toulouse en transition : L’initiative de la ville rose est née en 2010. Joseph Gonzales, lanceur de l’initiative, et Suzy, nouvelle arrivée, me rencontrent à Saveurs bio, un restaurant bio et végétarien toulousain. Les activités du groupe sont nombreuses et variées à tel point que je n’ai pas tout retenu. Plusieurs quartiers de la ville sont aussi porteurs d’une initiative de transition. Une association chapeaute le tout avec une équipe de coordination qui rassemble les représentants des différentes actions concrètes. De nombreux partenariats sont entretenus avec des associations et des institutions locales. Toulouse en transition participe à des forum régionaux (sur le développement durable, l’ESS) et a participé à un projet d’agriculture urbaine qui ne s’est pas concrétisé. Le groupe s’est aussi fortement impliqué dans l’organisation du village Alternatiba qui s’est tenu sur un week-end en octobre 2015. Pour le détail de ses activités, voir son site internet, illustré par une impressionnante frise historique.

 

Auch en transition : Je suis accueilli par Virginie, Philippe et une vieille connaissance, Justine, rencontrée sur l’Altertour en 2009 et 2012. Nous nous retrouvons dans un lieu emblématique de la transition à Auch (Gers) : l’Abri des possibles. Ce café associatif a été monté de toutes pièces en plein centre-ville, sur le bords du Gers et sur une place piétonnière à partir d’une association regroupant plusieurs autres associations (dont Auch en transition) et des individuels. Le montage du projet s’est appuyé sur la méthode dite du « rêve du dragon ». Ce café est un lieu sympathique tenu par des bénévoles. On y trouve boissons, mais aussi livres, jeux, musique, œuvres d’art… Des soirées concert, des cafés transition, des réunions, des ateliers de tricot etc. y sont organisés. Tout ça à prix… libre ! Je suis impressionné. Virginie m’explique aussi qu’une place voisine a été envahie par des bacs d’incroyables comestibles. Auch en transition a même failli faire rebaptiser la place en « Place de la main verte » ! Mais finalement la mairie n’a pas suivi. Le groupe mène aussi beaucoup d’autres actions : location de toilettes sèches, voiture partagée, cafés transition, actions en faveur du vélo etc.

Oloron en transition : Je rencontre Serge sur la place de la mairie d’Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques), mais nous nous réfugions rapidement chez lui car il fait chaud et ce soir c’est lui qui m’héberge. Après avoir rencontré sa fille, Dolma, son chien, son chat, ses poules et ses tortues, c’est une bonne équipe de transitionneuses qui nous rejoignent pour passer la soirée : Nathalie, Florence, Béatrice et Corinne. Cette initiative de transition concerne Oloron et les communes alentours. Elle comporte un SEL, une AMAP, des incroyables comestibles et elle organise des soirées projection-débat ainsi que des événements plus importants. Le groupe Réseaulution a organisé par deux fois une fête de la « Réseaulution ». Ce fut l’occasion de mettre en lien une centaine d’associations et de rassembler plusieurs centaines de visiteurs autour de la transition. L’initiative comporte aussi un projet d’installation photovoltaïque, projet qui n’est pas soutenu par la mairie d’Oloron, et soutient l’installation de producteurs bio. Ce groupe fonctionne selon les principes de la sociocratie. Il envisage de proposer une liste sans candidats et sans programme pour la prochaine élection municipale, sur le modèle de Saillans (Drôme). D’autre part, le groupe, constitué en association, envisage actuellement une fusion avec une autre association, Haut-Béarn ensemble. Plusieurs membres du groupes sont engagés dans la lutte contre un projet de carrière de pierre de 400 hectares au cœur d’une forêt toute proche (association ACCOB).

Orthez en transition :  Ce groupe a été lancé en juin 2016. Il est soutenu par quelques membres de Salies en transition et d’Oloron en transition. Josiane, autre ancienne « altercycliste », souhaite commencer par y lancer une activité intergénérationnelle, comme du tricot.

Salies en transition : Kitty et Peter sont néerlandais. Ils m’accueillent dans leur maison de la campagne proche de Salies-de-Béarn. La maison est entourée par un magnifique jardin où la biodiversité est partout. Chien, chat, poules, ruches, potager, rocaille, composts, mare, plage… il y a vraiment énormément de choses à découvrir sur ce terrain qui vise l’auto-suffisance alimentaire… et énergétique. Kitty est impliquée depuis longtemps dans le mouvement des villes en transition. Elle est membre du groupe de liaison national et est en lien avec le mouvement au niveau international. C’est la initiatrice et animatrice du site TransitionFrance.fr.

Le jeudi soir, je rencontre quelques membres du groupe à l’occasion de leur rencontre hebdomadaire autour des 26 bacs de légumes installés à l’emplacement de l’ancienne voie ferrée : Lo Casau. Une citerne et une pompe (électrique) permettent d’arroser régulièrement. Certains bacs, déjà un peu anciens, commencent à montrer des signes de faiblesses. Dans les bacs, on retrouve une grande biodiversité : courges, tomates, etc. Le groupe, qui existe depuis 2010, organise aussi de temps en temps des soirées projection-discussion, des moments conviviaux et surtout des bourses d’échange de graines (déjà une bonne vingtaine) qui commencent à être bien connues dans la région.

Il faut noter que les Béarnais utilisent depuis un an leur monnaie locale : la Tinda !

Rabastinois en transition : Je suis accueilli au Banc sonore, café-restaurant multifonction fonctionnant en SCOP depuis 3 ans en plein centre-ville de Rabastens. Ce lieu est le QG de la transition rabastinoise. Il propose des livres et jeux à emprunter, sert de dépôt pour les paniers d’une AMAP, organise parfois des soirées concert ou conférence, dispose d’une salle de réunion au 1er étage et le 2e étage abrite une radio associative locale. Six membres du groupe sont là, ainsi qu’Élise, d’Albi, pour boire un verre et manger quelques tapas avec moi. Leur initiative est née de la projection d’« En quête de sens », fin 2015, et s’est développée avec la projection de « Demain » début 2016. Ce groupe est très organisé et s’appuie sur un outil informatique gratuit, Trello, qui permet de gérer des projets collectivement.

L’initiative rabastinoise est partie tous-azimuts : incroyables comestibles, fête de la transition, boîte à dons, monnaie locale, partage de jardins, ateliers cosmétiques et produits d’entretien, projection mensuelle suivie d’un débat « mouvant », éducation bienveillante et un projet ambitieux Zéro déchets, qui a été conçu par les membres du groupes à partir du livre « Famille (presque) zéro déchets » et qui va être expérimenté, dans un premier temps, sur deux quartiers de Rabastens durant 9 semaines.

Albi en transition : Ce groupe est celui auquel j’ai participé de novembre 2011 (date de son réel démarrage) à janvier 2013. Je l’ai animé durant 6 mois, en remplacement de François, son initiateur, qui s’était absenté pour torréfier du café à l’énergie solaire au Pérou. Une merveilleuse aventure, qui continue toujours. C’est Élise qui m’en donne des nouvelles. Le groupe a créé une association, «ACTIF», qui soutient les initiatives de transition à Albi et aux alentours, en particulier, la fête de la transition, chaque année sur les bords du Tarn à Albi, et le village des alternatives de Trébas, plus en amont sur le Tarn. «ACTIF» propose une adhésion gratuite et un fonctionnement selon les principes de la sociocratie. Le groupe est impliqué dans les Incroyables comestibles (très très développés, avec partenariats avec la mairie, le lycée agricole, des maraîchers, etc.). Il organise aussi tous les mois une soirée projection-discussion à la MJC. Il a des partenariats avec d’autres associations : MAN (Mouvement pour une Alternative Non-violente), SEL, etc. Un projet de monnaie locale est en sommeil. Un projet de cohabitat se développe.

 

Élise compte soutenir le démarrage prochain d’un nouveau groupe de transition à Gaillac, entre Albi et Rabastens.

Elle m’a aussi partagé son expérience vécue durant une semaine dans un petit village du Lot-et-Garonne où Frédéric Bosqué, père du SOL violette toulousain et promoteur du revenu de base inconditionnel, s’est lancé dans un projet très ambitieux : redonner vie à un village quasi-abandonné en créant un éco-hameau « intégral ». C’est le projet Tera.

Mon périple m’a permis aussi de rencontrer deux couples résolument engagés sur la voie de la transition qui m’ont hébergé pour une nuit :

Mathieu et Leïla, à Aussillon (Tarn). Mathieu a déjà réalisé un tour du monde en vélo couché (ça lui a pris deux ans). C’est un cycliste au long cours qui est aussi allé jusqu’à Copenhague à l’occasion de la COP 15. Excellemment doué avec toute électronique ou mécanique défectueuse, il est capable de réparer n’importe quoi (comme le zoom de mon appareil-photo). D’ailleurs, il répare les vélos des enfants de son quartier. Leïla, institutrice, cultive son jardin et s’occupe des poules. Elle m’a donné des graines de salade et de tomate que j’ai transmises à mon père et à un collègue. Tous deux consomment essentiellement les produits de leur jardin et sont très économes en tout. Ils n’ont pas besoin de beaucoup d’argent pour vivre. Mathieu est en train de rénover la petite maison qu’ils ont acheté et a réalisé un système de chauffage solaire intégré aux murs. Nous avons pris nos repas sur leur terrasse en écoutant les chansons de C’dric, chanteur engagé croisé la veille à la fête de Cessenon-sur-Orb (Hérault).

Bertrand et Magali et leurs deux filles, à Bragayrac (Haute-Garonne). Magali anime l’association Erables 31 qui rassemble les acteurs de l’agriculture bio dans la Haute-Garonne. Bertrand a retapé leur maison à partir de matériaux naturels : bois, paille. Ils ont un beau jardin, des poules et une ruche. Après une formation d’ingénieur, il a été maraîcher et il est aujourd’hui boulanger. Chaque semaine, il prépare son levain, puis son pain à partir de farines bio. Il les vend sur commande, directement chez lui. Bertrand et Magali m’ont fait découvrir la Maison de la Terre de Poucharramet (Haute-Garonne), un café associatif très dynamique où nous avons pu nous restaurer, bien installés dans le jardin du café, en écoutant la musique folk du groupe Tildon Krautz. Une chouette soirée ! La maison de la Terre est une vieille maison traditionnelle du centre du village qui a été retapée avec des matériaux naturels. Un beau projet architectural, et aujourd’hui associatif. Avec quelques amis, Magali a aussi créé une association d’achat groupé de produits locaux : c’est BioLoco.

 

Merci à Mathieu et Leïla (Aussillon), Joseph et Suzy (Toulouse), Magali, Bertrand, Siloé et Mila (Bragayrac), Virginie, Justine et Philippe (Auch), Serge, Dolma, Stéphanie, Nathalie, Béatrice, Florence, Corinne (Oloron-Sainte-Marie), Kitty et Peter et leur comparses (Salies-de-Béarn), Josiane (Orthez), Élise (Albi), Mélissa, Nicolas, Daniel, Pascale, Malika et Gérard (?) (Rabastens) et aux hôtes de ma famille pour leur accueil. Merci aussi aux cyclistes, commerçants, pèlerins de St Jacques, employés de camping avec qui j’ai pu discuter. Merci à cette dame anonyme de Vendée, qui m’a donné à boire à Lourdes, alors que mes gourdes étaient vides et que le soleil cognait.

Vous êtes tous invités à me rendre visite à Sète (mais pas tous en même temps svp !!)

 

J’espère n’avoir pas trop déformé, par l’imperfection de mes souvenirs et de mes notes, la réalité. Merci de m’excuser les possibles erreurs et me signaler les corrections à apporter.

La transition se développe un peu partout, de plus en plus, sous de nombreuses formes, avec beaucoup d’enthousiasme, de bienveillance, de bonne humeur, de conviction. Je n’ai vu ou entendu parler que d’une toute petite partie de ce qui se construit autour de nous.

 

Chlorophylliennement

 

Stéphane

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